Pétain et ses ministres ...
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les ministres de Vichy
Petain et Laval
Au Conseil des ministres, la discipline est stricte.
« On ne discute plus au Conseil, tranche d'un ton magistral le chef de l'Etat. A chacun d'exposer son opinion à son tour. »
Seuls, Weygand et Laval ont une autorité et une fougue qui leur font parfois bousculer l'ordre du jour : il leur arrive de discuter et même de s'invectiver.
Pour le Maréchal, les ministres doivent se borner à exécuter ses ordres, mais n'ont pas à connaître le fond de sa pensée.
Il arrive qu'après une séance du Conseil, Pétain fasse venir un des ministres, lui tende une loi établie par un de ses conseillers personnels et lui dise simplement : « Tenez, signez ce texte, car il faut l'envoyer à l'Officiel. »
Le seuil du pouvoir est donc, dans l'esprit du Maréchal, le seuil de l'obéissance que l'on franchit moralement au garde-à-vous. Voici comment il intronise les Excellences : Le 6 septembre 1940, recevant Peyrouton, il lui annonce qu'il est ministre de l'Intérieur. Comme Peyrouton proteste qu'il ne peut pas accepter, Pétain tranche : nous sommes en guerre, en voilà assez, vous n'avez qu'à obéir. On me dirait demain de laver la vaisselle que je laverais la vaisselle : allez vous asseoir à votre place. »
le gouvernement de Vichy
Parmi les autres « victimes » de ces décisions du prince, René Belin connaît une aventure comparable. A Périgueux, le 11 juillet 1940, il est rejoint par un message de Vichy qui le convoque pour occuper le poste de secrétaire général au ministère du Travail. Dans la journée du 13, hésitant, lui, l'ancien collaborateur de Jouhaux à la Confédération générale du travail, à accepter une charge dont les attributions sont aussi imprécises, il voit Laval à deux reprises. Au début du second entretien, Laval l'accueille par ces mots : Vous n'êtes plus secrétaire général.
Tant mieux, fait Belin.
Non, vous êtes ministre de la Production industrielle.
Et, comme Belin se récuse, alléguant son inexpérience, Laval l'emmène chez le Maréchal : Monsieur le Maréchal, voici notre nouveau ministre de la Production industrielle... Il ne veut pas l'être. Il dit qu'il ne fera pas l'affaire.
Je suis sûr qu'il la fera. Il présente bien. En tout cas, il est ministre de la Production industrielle, tranche le chef de l'Etat, qui a choisi Belin pour empêcher que le gouvernement ne paraisse orienté exclusivement à droite.
Weygand
Pour signifier aux ministres leur congé, même procédure expéditive.
Dès le 12 juillet, le jour même de la promulgation de l'acte constitutionnel n° 1 qui fait de lui le chef de l'Etat, Pétain bouleverse toutes les traditions républicaines : il annonce en ces termes aux membres du gouvernement le premier remaniement ministériel :
Vous avez appris par mon discours radiodiffusé d'hier soir que mon nouveau gouvernement ne comprenait que douze ministres. Il y a donc au moins six ministres parmi vous qui seront sacrifiés. Je vous remercie de votre collaboration loyale. Vous apprendrez demain par le Journal officiel quels sont les membres de mon nouveau cabinet. Je vous remercie. » Sur ce, le Maréchal se lève et quitte la séance.
A l'occasion du nouveau changement dans l'équipe ministérielle, deux mois plus tard, le 6 septembre, le Maréchal ne fait pas montre de plus d'égards. Un des hommes d'État limogés à cette occasion, Adrien Marquet,. en fera cet extraordinaire récit :
Le Maréchal a exigé notre démission collective, malgré l'absence du général Weygand, blessé (dans un accident d'aviation), de M. Y barnegaray, en voyage dans son département, et de M. Piétri à Paris... Quand nous fûmes réunis, le Maréchal déclara : « Messieurs, dans l'intérêt supérieur du pays et des Français, j'ai pensé qu'il était indispensable de procéder à un remaniement du cabinet. Je vous demande donc de signer la lettre de démission collective que j'ai préparée », et qu'il retira de son sous-main.
M. Marquet protesta, celle décision étant prise en l'absence de plusieurs de ses collègues. Il ajouta : « Il aurait peut-être fallu attendre que le général Weygand soit là. »
Le Maréchal répondit : « Ne vous inquiétez pas, le général Weygand signera. »
Mais, ajouta M. Marquet, M. Ybarnegaray est absent !
Il signera aussi, rétorqua le Maréchal.
Et M. Piétri, qui est sur le chemin du retour ?
 Il signera aussi.
M. Marquet signa donc et ses collègues présents également.
A Weygand, lorsqu'il le reçoit à propos de cette exécution collective, le Maréchal dit simplement : « Il y a trop de généraux dans le gouvernement I » Formule qui, dans sa bouche, ne permet pas la discussion.
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